Une route sinueuse, une façade en alvéole, un ensemble de baies vitrées sur deux étages, dans la nuit, il semble que tous ces salons sont bien confortables. La voiture se gare devant la grille d’entrée d’un hôtel d’Hakone, ville thermale à deux heures de routes de Tokyo. Il ne s’agit pas d’une maison traditionnelle mais c’est assez chouette tout de même. En fait, le détour avait pour but de récupérer les baguettes de la petite fille, oubliées la dernière fois. Toutes les chambres sont prises, il n’est pas question de rester ici. Autre hôtel, un peu plus loin, facade blanche, genre grand hôtel de bord de mer. Grand, voilà. Les couloirs sont larges, vide, la moquette est passée et cela sent l’humidité. Arrière saison et draps en plastique probablement. Mais la chambre est un grand appartement qui consiste en un vaste salon, une cuisine derrière un paravent vitré et deux chambres. Glacière et contenu des cartons dans le frigidaire. Légumes hachés et riz dans la machine. Le diner reste au chaud. Pas de petits savons gratuits dans la salle de bain donc départ pour le bain public. Deux serviettes, des sous vêtements propres et des sandales fournies par l’hôtel. L’enfant dit : Papa et Moi et Julien ; Maman toute seule. On change de bâtiment. La nuit fraiche (20h30, petite brise). Autre bâtiment, rez de chaussée, deux portes en bois côte à côte, sur chacune une pièce de tissu portant la même inscription simple et bien sûr illisible pour notre jeune personnage. Une porte est rouge, l’autre bleue. Comme dans les Mille et une nuits. Il y a les garçons et les filles. Comme à la piscine. Une salle d'abord pour se déshabiller : 3 mètres sur 1,50. Une grande étagère avec des casiers en osier, deux lavabos, une balance, une grande glace, une porte en verre coulissante de l’autre côté. Je sais qu’il faut de déshabiller, mais… maintenant ? On m’a dit nus, bains japonais, hôtel, repos… Alors moi j’ai pensé à une séries de cabines, comme à la piscine, aux bains romains d’Astérix et Obélix, et pourquoi pas un frigidarium, un caldarium…. Mais pour l’instant il s’agit simplement de se mettre tout nu avant de passer, de l’autre côté.
La seconde pièce n’est pas grande. Il faut imaginer un salon avec véranda dont la surface aurait été divisée par deux. Avant de franchir la porte je ne savais pas combien de têtes allaient se retourner mais il n’y a personne dans la salle (pas meme d'amoureux se becotant dans les bains publics). 5 mètres de long, trois de large, lumière tamisé, ambiance salon de beauté et prendre soin de son corps. Sur les deux premiers mètres, trois petits tabourets devant chaque mur. Ca fait six, ils ont oublié un des nains. Devant chaque tabouret, une pomme de douche, un baquet en bois et trois gels douche différents. Il faut se doucher puis descendre dans le bassin d’eau crémeuse. Je me douche, hasarde un pied dans l’eau chaude, le père et la gamine ont de l’eau jusqu’aux épaules, je descend jusqu’à mi mollet, je soupçonne une marche et descends jusqu’à mi cuisse. Il faut s’asseoir. Les murs de la pièce sont en granit, verdis par endroit. Le bassin est en granit aussi, une couche poreuse sur toute la surface immergée de la pierre, l’assise fait le tour du bassin, un des battants de la véranda est ouvert et l’air passe faiblement au travers de la moustiquaire. Il faut un peu chaud. Je me laisse emporter par ma joie et me râpe les fesses sur le sol. Il faut retourner à la douche pour se rafraichir. Une ou deux fois. Au bord de l’évanouissement je regagne la première pièce, me pèse et sort. La mère me réceptionne : c’est bon pour la peau, les os, le cancer et la respiration.
Ce qui devrait figurer dans un blog : Aux alentours d’Hakone, de nombreux établissements profitent des qualités de l’eau qui sort bouillante à flan de montagne. Les bains collectifs qui voient ainsi le jour portent le nom de « Onsen » (温泉). Il est même possible, en repartant de l’hôtel de profiter de la présence d’une télécabine pour se hisser en haut de Owakudami (大涌谷 : la grande vallee bouillonante..) s’ouvrir l’esprit en dégustant un œuf noirci et bouilli dans l’eau chaude d’une montagne fumante et trépidante. Au sommet de la montagne une petite échope propose en effet 5 oeufs cuits a l'eau de source pour 5 euros. La terrasse est couverte de coquille et ça pue l'oeuf mais on est content.
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