La campagne qui est immédiatement aux alentours du Fuji est magnifique à l’automne alors le quartier du nord de Tokyo où habite la famille Matsumoto avait décidé d’organiser un voyage d’une petite journée. A l’intérieur du car, l’odeur des biscuits salés au poisson disputait l’ambiance générale à la voix de la commentatrice qui de toute évidence commentait le paysage. Il y avait sans doute plus de mots en japonais pour décrire tous les plis de roche qui soulèvent puis font disparaître le dense tapis d’arbres jaunes, verts, rouges, vert foncé, rouge bolduc, jaune feutre, orange entre-les-deux, bleusombrepresquenoir…
J’ai supposé un moment que le nombre de pauses avait été réglé sur la moyenne d’âge du bus (d’un peu plus d’une soixante-dizaine d’années), à tort. Le bus s’est bien arrêté, oui quelques vingt minutes après la première aire de repos, mais pour la raison qu’il y avait, tout près, intact, le Pont aux Singes (猿橋 saru-hashi) qui fait partie des trois ponts les plus célèbres du Japon. Le groupe s’étale sur le pont puis sous le pont de sortes que les photos et les explications embrassent tout l’encaissement, au fond duquel se trouve une étroite rivière, plongée là par deux hauts murs d’arbres qui remontent bien au dessus du niveau de nos têtes. Le ciel n’est pas encore tout à fait dégagé pour le début de la balade. Le reflux, une quinzaine de minutes plus tard ramène tout le monde à l’intérieur du car. Il y avait peu de temps mais moins que la course à la photo il y avait je crois, en même temps, la satisfaction d’être là, le regret que ce soit trop court et le soulagement que le tout tienne en une journée.
Une courte explication d’une dizaine de minutes à l’intérieur d’une fabrique de saké retarde un peu la dégustation qui doit suivre. Un homme, dont la fille parle anglais je crois, m’offre la dégustation et me guide à l’intérieur de la boutique. Ce n’est pas le même qui, sur les quatre heures, m’offre un grand bol de soba au soleil !
« La meilleure raison pour faire plus de cent kilomètres à l’Ouest de Tokyo vers la zone des Cinq Lacs du Fuji est encore d’escalader le Mont Fuji, le volcan le plus sacré au Japon et, atteindre 3776m, son plus haut sommet. Fuji-san, nom sous lequel il est respectueusement connu par les Japonais (san est normalement ajouté à la suite du nom ou du prénom d’une autre personne), a longtemps été vénéré pour son potentiel pouvoir (la dernière éruption date de 1707) et sa presque parfaite symétrie ; d’Octobre à Mai, le sommet, couronné de neige, offre les plus belles vues du volcan. La saison de la grimpette s’étend de Juillet à Septembre mais, si vous êtes un peu intimidé par la longue ascension, simplement s’approcher près du plus célèbre symbole national japonais est une expérience mémorable » (mon très cher Rough guide, p220).
Nous n’irons pas là haut, parce qu’il n’en est pas question, que toute les stations sont fermées et surtout que toute la population du car pourrait bien y rester. En une demie heure il n’est de toute façon possible que de suivre une demie boucle qui mène jusqu’au Lac Kawaguchi-ko. C’est de la que se font les plus belles photos et que partent le plus grand nombres de pèlerins. La route est bordée d’arbres multicolores, il y a un temple et des toilettes. II y avait une foule d’installations pour touristes. Les allées d’arbres d’automne sont bordées de stands vendant des fruits sec et autres choses sèches, sucrées et peu identifiables. Ou bien parlant fort dans un micro. Je croyais moi bêtement que les japonais en avaient fait le tour du Mont Fuji, après toutes ces années, mais il y avait surtout des Japonais, visitant le Japon des Japonais. Comme en France des français visitent les châteaux de la Loire. Bête. Le tourisme ici est scrupuleusement organisé et tourné vers le paysage, il ne s’agit pas d’en profiter comme d’une ambiance générale mais de fixer son regard sur ce centre d’attention. Tout plein de stands et autres pancartes y participent. C’est donc à la fois très moche et très beau. Il y a toutes les couleurs et, juste à côté un panneau pour les indiquer au passant.
Après, le mont Fuji et un court repas, le retour se fait doucement, d’abord vers un petit village touristique puis au rythme du bingo jusqu’à l’intérieur de Tokyo.
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