"You get a shiver in the dark / it's raining in the park but meantime / South of the river you stop and hold everything"
Je cherchais des cadeaux de noël par une fraîche soirée de février et je me suis retrouvé une nouvelle fois à Harajuku, le quartier réputé pour être à la pointe de la mode, au coeur de Tokyo. Le nom n'est plus utilisé dans les adresses des résidents depuis un demi-siècle (l'arrondissement dans lequel il est inclus, Shibuya, sert de référent administratif) et ne fait référence qu'à un vague espace qui rayonne depuis un croisement de rue (entre la grande Meiji Road qui descend Tokyo du Nord au Sud, et Omotesando Street), s'attache à quelques bâtiments célèbres et ressasse chaque dimanche les mêmes jeunes un peu déjantés (pour accéder à la carte-sommaire). Comme il arrive trop souvent, je n'ai pas trouvé un seul cadeau mais quelques tee-shirts dessinés pour Uniqlo par quelques types célèbres. La marque a construit ce bâtiment en 2007 pour y loger un magasin de 3 étages imitant le vide d'un self-service et portant un nom tout aussi simple : UT (pour uniqlo Tee-shirt) Uniqlo Store. Il y a donc surtout des tee shirts à l'intérieur : personnages de manga et caleçons au premier étage, femmes au deuxième puis hommes tout en haut. Pendent sur un présentoir des tee shirts de couleurs différentes, couvert recto-(verso) d'un motif allant de Mickey à Joy division en passant par deux droites parallèles. Après la première déception d'arriver si tard à la fin des soldes et de ne trouver que du S et du LL, je me suis aperçu qu'une jeune fille aux allures de vendeuse promenait un court rayon rouge fluo le long d'étagères pleines de tubes en plastiques ressemblant à ceux dans lesquels on stock habituellement des balles de tennis. Je me suis approché pour savoir s'il n'y avait pas d'autres tailles, il y avait un code sur mon tee shirt, elle m'a guidé jusqu'à l'étagère correspondante, a poussé deux ou trois tubes et mon tee shirt Kodak, taille M est apparu, tel un spermatozoïde dans une pillule. Une banque du coton-design qui met en contact des acheteurs individualistes et des designers indépendants.
Mais Harajuku n'est pas exactement le terrain de jeu des innovateurs en tout genre ou plutôt, il l'a toujours été et la forme des institutions qui supportent cette tendance depuis le milieu du siècle transparait au travers de quelques bâtiments. L'occupation américaine de 1945 à 1952 a laissé près du parc de Yoyogi un centre de logement pour les bureaucrates américains (Washington Heights), transformé au moment des Jeux de 1964 (voir le film-docmentaire de Kon IchiKawa réalisé en 1965 : Tokyo Olympiad) en village Olympique et maintenant en un centre de formation et d'éducation sportif. Sur l'ensemble du quartier, les articles de journaux peuvent lire l'évolution de l'économie à partir de ces racines occidentales.
Les magasins de mode touchent le grand Kiddy Land, le magasin de jeux le plus populaire construit en 1950 et actuellement en rénovation, sur cette frontière vague naît une jeunesse freaky qui change de forme plusieurs fois en une quarantaine d'années. Des groupes de jeunes, filles pour la plupart, portent le nom de Takenoko-Zoku (竹の子族 : la tribu des enfants du bamboo...) et dansent dans des costumes de couleurs claires pendant une dizaine d'années. Puis à partir du milieu des années 1980 apparaissent, des hommes pour la plupart, des groupes de danseurs d'un Rock-country dont ils prennent le nom : Rockabilly (ロカビリー). Ceux là durent plus longtemps et des clubs pratiquent encore le dimanche, costumes noirs, santiag' noires, coiffures Tenessee.
Le quartier n'héberge pas de salles de concert mais se soucie d'approfondir sa spécialisation. En 1978, Laforêt élève un grand bâtiment à Harajuku et stabilise un nouveau centre de la mode depuis son centre d'exposition et ses boutiques. En 2005, l'architecte Tadao Ando est chargé de remplacé des appartements d'Omotesando Street, construit à la mode Bauhaus (Dojunkai appartements) en 1927, par un long complexe de 130 magasins et 40 appartements, adoptant la forme d'une rue, la longeant, bordé d'arbres et de magasins de taille raisonable. Omotesando Hills ne compte que 6 étages dont aucun ne dépasse les arbres qui donnent sur la rue.
Mais c'est probablement à Kiddyland que je retournerai pour vous acheter des souvenirs !
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